Well, I heard there was a secret chord that David played and it pleased the Lord.

Une robe de bapteme sur le corps d’un bambin excité qui ne comprend pas vraiment ce qui se passe mais qui déjà aime être le centre de toutes les attentions. La famille Chavez a toujours été composé de fervents catholiques : la religion et la famille étant les clés de voute de chacun de ses individus. La chose n’a jamais échappé à Lin qui priait tard le soir sous le regard attendri de sa mère, heureuse de voir son fils suivre le droit chemin dans un milieu qui aurait pu le corrompre si facilement. Habitants immigrés des Washington Heights tout comme la majorité des gens de ce quartier, l’ambiance bien qu’incertaine a pourtant bercé l’enfance et l’adolescence de Lin avec toutes ces odeurs exotiques, ces gens plein d’histoires à raconter et surtout la musique différente mais pourtant toujours heureuse à chaque coin de rue.

These rags don’t tell the whole story.

Le jeune Lin avait mis du temps à s’exprimer et ses mots avaient toujours été boiteux, saccadés et imprécis. Il avait fini par avoir honte de son inhabilité à être comme les autres ou en tout cas à être accepté sans être moqué car il n’avait pas vraiment envie de se fondre dans la masse. Timide principalement à cause de son élocution cela ne l’avait jamais empêché de rêver d'être un jour au sommet. De quoi ? Il ne le savait alors pas toutefois les idées de grandeur tourbillonnées sans interruption dans les pensées du jeune garçon. C’est la découverte d’un des disques de sa mère qui a tracé tout un chemin pour son fils, des chansons qu’il a fini par connaitre par cœur et qu’il a fredonnées, puis chantées encore et encore jusqu'à ce qu’aucun n'espace, qu'aucune faute ne passe plus jamais ses lèvres. La route a été longue mais l’enfant était déjà têtu, il a fini après plusieurs années à vaincre ce qui l’obligeait à rester dans l’ombre.

And while I have your attention, i’d kill for a mention in the popular press.

A sa majorité et après s’être essayé sans succès à des études supérieures, allant de petits boulots en petits boulots, trainant des pieds à Broadway comme il l’avait fait toute son adolescence. Du petit rôle en coulisse, au rôle de figurant puis chanteur dans l’ensemble il s’est élevé jusqu’aux rôles secondaires jusqu’à enfin la consécration. Un rôle principal dans la production de Broadway de Les Mis, Javert lui ouvre les portes du succès. Les critiques favorables et les acclamations du public sont vite montées à la tête du jeune chanteur qui s’est facilement perdu dans sa notoriété. Période de tous les excès, c’est dans ces années là qu’il a découvert ou en tout cas accepté son attirance profonde pour les hommes. Flirtant et virevoltant d’un ou une partenaire sans vraiment jamais se poser.

And those who may not adore me could never ignore me.

Les succès se sont enchainés, Lin est devenu un modèle, un homme recherché et il a vécu sans doute la période la plus heureuse de sa vie. Toujours sous les projecteurs, toujours un verre à la main. Jeune homme prodige devenu Star presque vieillissante. Toujours un verre à la main. Parfois de la cocaïne dans le nez, toujours avec un partenaire différent. Toujours un verre à la main. C’est cette vie paradisiaque, c’est cet excès de confiance qui l’a mené à sa perte. Un accident de moto, violent. Son corps presque anesthésié par la quantité d’alcool qu’il avait dans le sang, sa jambe brisée qui ne serait plus jamais complètement opérationnelle. Il nie sa culpabilité, il vit dans le déni pendant un certain temps, pensant pouvoir se soigner, pensant pouvoir remonter sur scène mais les projecteurs de Broadway s’éteignent si facilement qu’il n’a presque pas le temps de les voir.

I can be really shallow if I try but there’s so much more to me than meets the eye.

L’année suivant son accident a été mise sous le signe d’une dépression profonde qui l’a presque poussée au bord du gouffre. La rééducation a été dur et la motivation balançante. A quoi bon quand il savait qu’il ne pourrait de toute façon plus monter sur ce scène ? Il a arrêté l’alcool, développant presque une haine pour ce liquide, mettant toute la faute sur celui-ci plutôt que sur lui-même, de réunion en réunion et de jeton en jeton il a réussi à se libérer de ses vieux démons et à se reprendre en main. Petit à petit, avec des hauts et beaucoup de bas. Il y a 5ans de cela, on lui a proposé un poste au New York Times, se fiant à son avis d’expert de Broadway pour donner son opinion sur les nouveaux shows en production. Ses premiers mots ont été dur, motivés par la jalousie, l’envie qu’il ressentait en voyant toutes les choses qu’il ne pourrait plus faire. Les suivants ont été tout aussi acerbes mais plus bienveillants. Aujourd’hui, ses critiques sont craintes autant qu’elles peuvent être appréciées mais l’homme s’adoucit lentement mais surement, laissant sa jalousie s’estomper au fil des spectacles.