Il a trop bu, il le sait. Enfin, techniquement, il n’avait pas siiiii bu que ça. Juste quelques verres. Pas plus. Non non. Mais c’était qu’il n’avait pas vraiment non plus l’habitude de boire non plus. Ce n’était pas un grand fêtard, le Ashley. Quelques coupes de champagnes lors d’un gala, mais jamais beaucoup plus. Donc enchainer quelques verres d’un alcool fort dont il ne connaissait même pas le nom – sa culture en matière d’alcool était particulièrement basse – ça donnait ce résultat. Il avait donc son téléphone au creux d’une de ses mains, une carte professionnelle entre les doigts de l’autre, et il hésitait à composer le numéro. Parce que même totalement bourré, même en train de pleurer, bah il savait qu’il y avait quelques risques qu’il le regrette le lendemain – il était peut-être pas supra intelligent, mais il n’était pas non plus aussi con que ça. Mais apparemment, il l’était quand même un peu, comme il finit par appeler le numéro affiché. Avant de raccrocher dès la première sonnerie. Con ou pas con, alors ? Héhéhé, telle était la question – il lâcha un rire vitreux à cette blague à deux balles. Bon, allez, con, pas con ? Ce serait bien d’avoir une réponse, quand même, non ? – ouh la jolie rime, c’est joliiiii ! Il eut dans l’idée de tirer à pile ou face, mais il n’avait pas de pièce. Et la pensée de jeter son téléphone dans les airs ne l’enchanta pas plus que ça. Un rire – puis quelques sanglots – plus tard, le voilà qui rappelait. Pour tomber sur messagerie – oui, tout ça pour ça !

« Hey … C’est moi … Ashley … Je suis désolé de t’appeler comme ça, à cette heure-là … Dans cet état aussi. C’est probablement pas le mieux. C’pas que je suis totalement bourré, mais un peu quand même … Mais j’avais personne à qui téléphoner … Et j’ai retrouvé ta carte et je l’ai fixé pendant genre trente bonnes minutes … En mode « Appellera ? Appellera pas ? » pour finalement t’appeler … Et bref … Ça va vraiment vraiment pas … Je sais pas si tu sais quel jour on est … Mais c’est son anniversaire et … Mon père m’a appelé et … Et ça va pas du tout … J’ai des idées vachement vachement noires là … J’aime pas avoir des idées comme ça … Et je voulais juste parler … Ça me manque de parler avec toi … Tu savais toujours quoi dire, quand ça allait pas … Tu me manques … »

Il se demanda si son message serait compréhensible, entre sa voix d’alcoolique et ses sanglots. Avant de rejeter la tête en arrière en réalisant ce qu’il avait fait. Puis de se remettre à pleurer, comme il se roulait en boule sur son lit, son téléphone toujours serré dans son poing.